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Peter Knapp une vie entière à dessiner
Dans une anthologie des grands directeurs artistiques, Peter Knapp, 85 ans, trouverait une place légitime. Mais il fut aussi, tout au long de sa vie, un dessinateur acharné. Et pourtant jamais exposé. Lacune enfin comblée à l’initiative du musée Tomi Ungerer.
Jusqu’au 2 juillet 2017, au Musée Tomi Ungerer, 2 avenue de la Marseillaise, de 10 h à 18 h. Tarif : 6,50€. 3,50€ (réduit).
Le Musée Tomi Ungerer présente une sélection des dessins de Peter Knapp, né en 1931 en Suisse. L’artiste a construit tout au long de son parcours une œuvre graphique très personnelle. Elle est marquée par un style tantôt épuré tantôt très expressif. Ses thèmes tournent essentiellement autour de la figure humaine mais proviennent également d’autres univers comme celui de la nature. Parmi les œuvres, datant de 1952 à 2016, figurent des dessins libres, qui manifestent le goût de l’artiste pour l’humour et la satire, et des carnets préparatoires qui montrent son cheminement artistique. Des chemins de fer dessinés, sans doute uniques dans leur genre, témoignent des directions artistiques de Peter Knapp pour des magazines et des livres. Il s’est particulièrement intéressé à l’art de l’illustration.
Le musée Ungerer, il connaissait déjà. Il en avait effectué la visite incognito. Et avait apprécié le lieu, confiant à un ami strasbourgeois que s’il devait exposer un jour ses dessins, ce serait ici. La confidence est allée se nicher au coin de l’oreille de Thérèse Willer, conservatrice du musée. Qui est allée frapper à la porte de l’atelier de Peter Knapp à Paris.
Pour comprendre l’enthousiasme qui l’a alors saisie, il suffit d’aller découvrir l’exposition qu’elle lui consacre. Quelque 120 pièces, dont beaucoup de grands formats, qui couvrent plus de six décennies – une fourchette comprise entre 1952 et 2016.
« J’ai toujours dessiné, commente Peter Knapp. Quand j’ai commencé mes études d’art à Zürich, puis aux beaux-arts à Paris, je voulais d’abord être peintre. » Et il faut l’entendre raconter, avec un regard gourmand, l’effet produit par la scène artistique américaine à l’orée des années 60 : « Quand j’ai vu les grands Barnet Newman “en vrais”, leur simplicité, leur beauté… J’ai été subjugué !».
Ce n’est pourtant pas le peintre qui marquera les esprits dans une trajectoire d’une belle diversité. Peter Knapp est un directeur artistique de légende. D’abord aux Galeries Lafayette, puis au magazine Elle (de 1960 à 1966 puis de 1974 à 1977) où il contribuera au changement de regard porté par les hommes sur les femmes – son slogan : « Le journal pour les femmes que les hommes regardent ».
C’est d’ailleurs à ce poste qu’il fera la rencontre de Tomi (ils sont nés la même année) dont il publiera régulièrement des dessins. « Il avait déjà un humour acide qui faisait la différence. Avec une longueur d’avance sur un Topor par exemple. Son œil était vif », se rappelle Peter Knapp. Son nom est également associé à l’émission culte de la seconde moitié des années 60, Dim Dam Dom, pour laquelle il réalisa une quarantaine de films. Il poursuivra un travail de directeur artistique pour la presse (Die Zeit, London Life, Weltwoche…) ou encore l’édition.
Artiste pluridisciplinaire, Peter Knapp fut aussi photographe de mode. L’association Stimultania (Strasbourg) consacra à ce travail une exposition assez glamour en 2011.
C’est donc un autre volet qui est ici abordé. On y découvre tout d’abord un jeune artiste des années 50 encore fasciné par les leçons d’un Picasso, déconstruisant la figure humaine, la recomposant dans une fraîcheur primitiviste. « Quand j’ai commencé, Picasso était alors incontournable. D’ailleurs, pour moi, il est resté le plus grand, notamment pour le dessin », commente ainsi Peter Knapp.
Il s’en détache tout de même, excellant dans la technique du lavis d’encre avec laquelle il fait apparaître des silhouettes rappelant la peinture des céramiques grecques. Sur d’autres énormes formats, dans l’opacité de l’encre noire, avec un jeu de coulures et un graphisme qui assume sa liberté du geste, Peter Knapp accentue encore son approche très picturale du dessin.
Plus plasticien que véritablement illustrateur, l’artiste suisse explore le langage de l’encre, du lavis, du collage. Il interroge le réel et peut parfois recourir à des récits, comme L’écriture ou la vie de Jorge Semprun ou l’épisode Loth et ses filles tiré de la Bible – c’est peut-être là qu’il est alors le plus “illustrateur”.
Mais c’est le genre de question que ne se pose pas vraiment Peter Knapp, tout à la joie de voir ses travaux exposés. Qu’il ait dû attendre, pour cela, ses 85 ans étonnera plus d’un visiteur.
Peter Knapp : « J’ai toujours eu la passion du dessin ». (PHOTO DNA - Laurent RÉA)